e3a
Concours ENSAM - ESTP - ARCHIMEDE
Épreuve de mathématique A MP
Durée : 4 heures.
Si au cours de l'épreuve, un candidat repère ce qui lui semble être une erreur d'énoncé, d'une part il le signale au chef de la salle,
d'autre part il le signale sur sa copie et poursuit sa composition en indiquant les raisons des initiatives qu'il est amené à prendre.
L'usage de la calculatrice est interdit.
Objectifs :
Le but du problème est d'étudier, dans un
-espace vectoriel normé, la distance d'un vecteur à un hyperplan.
Dans la partie I, on étudie un exemple dans l'ensemble
des matrices carrées d'ordre
à coefficients réels.
Dans la partie II, on étudie le cas de la dimension finie, puis on montre que les hyperplans sont fermés ou denses.
Dans la partie III, on étudie le cas des hyperplans denses.
Dans la partie IV, on étudie un exemple d'hyperplan fermé.
Les quatre parties sont, dans une large mesure, indépendantes.
Partie I
est l'ensemble des matrices carrées d'ordre
, à coefficients réels, on le munit du produit scalaire défini par :
où
et
sont deux matrices de
,
est la transposée de la matrice
et
est la trace de la matrice
.
Soit
la matrice de
définie par :
On note
l'ensemble des matrices
de
vérifiant
.
1. Montrer que
est un hyperplan de
.
2. On note
, exprimer
en fonction des
.
3. On rappelle que la distance d'une matrice
de
à l'hyperplan
est définie par :
où la norme
est la norme associée au produit scalaire
de
.
Montrer que :
.
4. Calculer
en fonction de
.
5. On note
, où
désigne la matrice identité d'ordre
.
a) Déterminer le rang de
.
b) Calculer
, montrer que
et
ont le même rang.
c) On appelle
l'endomorphisme de
, tel que la matrice de
dans la base canonique de
soit la matrice
. On rappelle que
et
désignent respectivement, le noyau et l'image de l'endomorphisme
. Montrer que :
d) En déduire que la matrice
est semblable à une matrice du type
où
est une matrice carrée d'ordre 2 inversible.
e) Calculer les traces de
et de
, en deduire les valeurs propres de
.
f) En déduire les valeurs propres de
ainsi que la dimension des sous-espaces propres associés.
6. Soit
un polynôme à coefficients réels de degré
, de la forme
, on définit
par :
Calculer la distance de la matrice
à l'hyperplan
en fonction de
.
On pourra utilement poser :
et calculer :
.
Partie II
est un hyperplan d'un
espace vectoriel normé
,
est une forme linéaire non nulle sur
, dont le noyau est égal à
.
1. Dans cette question,
est de dimension finie, on désigne par
un vecteur de
.
a) On note
la distance de
à l'hyperplan
. Montrer qu'il existe une suite
d'éléments de
tels que :
.
b) Montrer qu'il existe une suite
extraite de la suite
qui converge vers un élément de
.
c) En déduire qu'il existe
appartenant à l'hyperplan
tel que :
.
On dit que la distance de
à l'hyperplan
est atteinte en
.
2. On suppose dans cette question que
est de dimension quelconque.
a) Montrer que si
est une forme linéaire continue sur
alors le noyau,
, est fermé dans
.
b) Montrer que si le noyau,
de
est fermé alors
est continue. On pourra montrer que, si
n'est pas continue, alors il existe une suite
de
telle que :
Puis , on utilisera la suite
pour mettre en évidence une contradiction.
c) Montrer que si
est un hyperplan de
alors l'adhérence
de
est un sous-espace vectoriel de
.
d) En déduire que tout hyperplan de
est fermé ou dense, c'est-à-dire
.
Partie III
On suppose dans cette partie que
est un espace préhilbertien muni du produit scalaire :
et que
est un hyperplan dense de
, c'est-à-dire
.
1. Déterminer
, l'orthogonal de
.
2. Que dire de
?
3. Pour tout vecteur
de
, calculer la distance
.
4. La distance
est-elle toujours atteinte ? Justifier.
Partie IV
On suppose dans cette partie que
est un hyperplan fermé, d'un
espace vectoriel normé
de dimension quelconque.
est le noyau de la forme linéaire
, continue non nulle sur
.
désigne un vecteur fixé de
. On rappelle que la norme de l'application
subordonnée à la norme de
est définie par :
1.
a) Montrer que, pour tout élément
de
on a :
.
b) En déduire que la distance de
à l'hyperplan
est supérieure ou égale à
.
c) Montrer que
si et seulement si
.
d) On considère dans cette question que
.
Montrer qu'il existe une suite
d'éléments de
vérifiant :
Montrer que, pour tout entier
, il existe un réel
non nul et un vecteur
de
tel que :
.
Prouver que, pour tout vecteur
de
, on a :
2. Dans cette question,
est un ensemble des suites réelles de limite nulle, on munit cet ensemble de la norme infinie, c'est-à-dire que si
, alors
et
,
est ainsi un
espace vectoriel normé.
est l'application définie de
dans
par :
.
a) Montrer que la série
est convergente.
b) Montrer que
est une forme linéaire continue non nulle sur
, en déduire
.
c) Soit
une suite d'éléments de
, on notera
le terme de rang
de la suite
. On définit
par :
Calculer
, en déduire
.
d) Montrer qu'il n'existe pas d'éléments
non nul de
telle que :
.
e) On note
le noyau de
, vérifier que
est unhyperplan fermé de
.
f) Montrer que la distance d'un vecteur
de
à l'hyperplan
n'est pas toujours atteinte.
Partie I
1. est une forme linéaire sur
non nulle car
.
donc son noyau
est un hyperplan de
.
2. Posons :
.
On a :
:
.
Donc :
Et si
,
ou
,alors :
et sinon
.
On obtient :
3. Puisque
On a :
.
Donc :
=
car
est de dimension finie .
Soit maintenant
, on a :
avec
et
tq :
.
On obtient donc :
Ce qui veut dire :
.
On a alors :
,
avec
.
Le théorème de Pythagore nous fournit donc :
Donc :
.
4. On a :
Donc :
.
5. a) On a :
, donc :
5. b) On a :
, donc :
.
On en déduit :
.
5. c) Le théorème du rang s'écrit :
et si :
. On a :
et il existe un
tq :
.
Donc
. Ainsi :
.
Mais :
et
car
.
Donc :
.
On a donc :
donc :
.
Donc :
.
5. d) Prenons une base :
adaptée à la somme directe
.
On a :
pour
et
pour tout
, spécialement pour
.
Donc :
avec
. De plus :
.
Donc
est inversible .
Donc
est semblable à une matrice de la forme
avec
.
5. e) On a directement :
et
.
Soient
et
les valeurs propres de
a priori quelconques (pas forcement distincts) dans
.
est trigonalisable dans
. Donc
est semblable à une matrice de la forme
où
.
Donc
est semblable à
Or, d'après la question précédente, on a :
d'une part:
, donc :
.
d'autre part :
est semblable à
donc :
, soit :
.
Alors :
. On en déduit directement que :
.
5. f) On pose
le sous espace propre de
associé à la valeur propre
de
On a alors :
Donc :
et
.
On note
le polynôme caractéristique d'une matrice
quelconque.
On a alors :
et
.
et puisque
. (
désigne la multiplicité associée à la valeur propre
)
Donc :
.
D'autre part :
.
Donc :
avec :
et
.
6. Calculons
:
avec
.
Or :
.
Donc :
, c'est-à-dire :
est diagonalisable donc
également.
Ainsi
est semblable à
.
Donc :
.
Donc :
.
Partie II
1. a) On a :
(Caractérisation sequentielle de la borne inférieure).
Et pour
avec
et
un des
vérifiant
.
On obtient :
.
Donc il existe une suite
tq :
.
1. b) et
1. c) On a :
.
€t puisque
est une suite bornée (elle est convergente). Donc
est bornée.
D'après le Théorème de Bolzano-Weierstrass : il existe une suite
extraite de
qui converge dans
(
est extractrice).
Et puisque
est de dimension finie, tous ses s-ev sont fermés, cela veut dire que
est fermé en tant que s-ev de
.
Comme
,
, on a :
.
D'autre part : la suite
est une sous-suite de
qui converge vers
.
Donc
converge vers
.
Et par continuité de la norme :
Et en notant :
On obtient, par unicité de la limite :
.
Donc :
tq :
.
2. a) Par définition,
avec
est un fermé de
.
De plus, l'image réciproque d'un fermé par une application continue est un fermé donc :
si
est continue alors
est un fermé dans
.
2. b) Supposons que
est une forme linéaire non continue.
On a alors :
(cette proposition est :
)
Prenons
pour
et notons
un
de
vérifiant la propriété précédente, c'est-à-dire :
.
Donc :
.
On peut donc poser :
.
On a alors :
et
.
Donc :
.
On a donc :
,
.
Donc :
et
Et puisque H est fermé, donc
.
Ceci est absurde du fait que :
.
Donc :
est bien continue si
est un fermé dans
.
2. c) On a :
, donc :
.
Soient
et soit
.
Il existe deux suites
et
d'éléments de
tq :
et
(La caractérisation sequentielle de l'adhérence).
Donc, par linéarité de la limite :
avec :
pour tout entier
.
On en déduit que :
D'où :
est un sev de
.
2. d) Puisque :
, on a :
Soit
, et dans ce cas :
est fermé.
Soit
, et dans ce cas :
Soit
et soit
.
On a :
car
.
Donc, on peut écrire :
, avec
et
.
Alors :
.
Et puisque
est un sev de
. (d'après la question précédente).
On a donc :
.
Ce qui donne :
.
On en déduit, que dans ce cas :
est dense dans
.
CQFD.
Partie III
1. Soit
.
Puisque
est dense dans
, il existe une suite
telle que
:
et
.
On a donc :
.
Mais, par continuité du produit scalaire :
.
Donc :
, d'où :
.
Réciproquement :
.
Donc :
.
2. On a :
Donc :
.
3. Pour tout
appartenant à
, il existe une suite
telle que :
et
.
Or, d'après le cours et du fait que :
, on a :
.
De plus :
Donc :
.
4. Si
est atteinte, on aurait :
tq
.
Donc :
et
.
La réciproque est évidente.
est atteinte ssi
.
Partie IV
1. a) On a :
.
Donc : pour
,
.
Or,
car
.
Donc :
.
1. b) Soit
verifiant :
donc :
Or, on a :
.
En particulier :
Donc :
1. c) D'après la question précédente, si
, donc :
. Ce qui veut dire que dans ce cas :
.
La réciproque est claire.
Donc :
.
1. d) ) D'après la caractérisation de la borne supérieure :
,
.
En appliquant ceci à
pour n entier et en notant
un de ces
.
On a :
.
Donc il existe
telle que :
et
.
1. d) ) Puisque
, tout élément
de
peut s'écrire sous la forme :
, avec
et
.
Ainsi :
.
Il y a Erreur d'énoncé (sauf erreur de ma part
n'est pas toujours vérifié pour tout entier
. Il suffit à titre d'exemple de choisir
pour avoir
car l'écriture
est unique puisque
et
sont en somme directe. La valeur de la limite de
ne change pas en modifiant la valeur de
(ou même un nombre fini de termes), donc
1. d) ) reste toujours vrai.
Par contre, on a :
car
.
Donc :
.
Alors :
et donc :
.
1. d) ) D'une part,
.
D'autre part,
car :
.
Donc, puisque :
pour
et
pour
.
On a :
.
CQFD en tenant compte de la correction de l'erreur d'énoncé citée ci-dessus.
1. e) En passant à la limite dans l'inégalité précédente, on obtient :
.
Donc :
Et en tenant compte du résultat de la question
1. b). On a le resultat demandé.
2. a) On a :
.
converge car
est une série geométrique de raison
.
Donc :
converge absolument.
Et puisque
est l'ensemble des suites réelles de limite nulle, alors
est un Banach.
Donc
converge.
2. b) D'après la question précédente,
est bien définie.
Pour tout
et
, on a :
Donc :
.
Or,
.
Ce qui montre la continuité de
.
De plus,
Donc, en prenant la borne supérieure :
.
Donc :
est une forme linéaire continue avec
.
2. c)
On a :
et
.
Par contre :
.
Donc :
et donc :
On a :
Donc :
.
2. d) Supposons qu'il existe
tel que :
.
On a alors :
.
De plus, toutes les inégalités [
. ] vues dans
2. b) seront des égalités, et en particulier :
. C'est-à-dire que :
avec :
.
Donc :
.
Alors :
en contradiction avec le fait que
. Donc :
.
Donc il n'existe pas de
tq :
.
2. e) Puisque h est continue,
est fermé (d'après II-2-a).
2. f) Soit
et supposons que
est atteinte.
Alors :
.
Or, selon
1. e) :
Donc :
et alors, puisque
Contradiction.
Donc
n'est jamais atteinte pour
.