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Quand l'industrie mise sur les équations

Pendant une semaine, des jeunes mathématiciens ont planché sur des problèmes soumis par des entreprises

Par  et David Larousserie

Publié le 21 mars 2013 à 17h32, modifié le 21 mars 2013 à 18h10

Temps de Lecture 3 min.

Chef d'entreprise cherche mathématicien pour résoudre les problèmes de sa société." L'annonce pourrait faire sourire, mais, dans une forme plus organisée, c'est un peu ce genre d'invitation qui a conduit quatre représentants d'entreprises à l'Ecole nationale supérieure des mines de Nancy (ENSMN), début février, à la rencontre de 25 jeunes docteurs ou doctorants en maths.

Pour cette cinquième Semaine d'étude maths-entreprises (SEME), ArcelorMittal se demandait comment détecter sur des images des défauts dans son acier. RTE, le transporteur d'électricité national, s'interrogeait sur la modélisation de la production solaire. Le cabinet de consultants Deloitte voulait étudier les propriétés d'un modèle financier. Et le consortium Gocad, intéressé par la prospection pétrolière, cherchait des solutions pour de l'imagerie du sous-sol.

Face à eux, de jeunes volontaires répartis en quatre groupes ont d'abord écouté, puis se sont organisés pendant trois jours et demi, avant de livrer le fruit de leurs réflexions le cinquième et dernier jour. "Cette semaine doit montrer qu'il est possible de faire des maths poussées en entreprise. Il n'y a ni promesses de réussites, ni contrats à l'issue. C'est un moyen de rapprocher deux mondes, académique et industriel", résume Céline Lacaux, enseignante à l'ENSMN, coorganisatrice de cet événement soutenu par l'Agence pour les mathématiques, en interaction avec les entreprises et la société (Amies) et le Groupement de recherche maths et entreprises du CNRS.

"De bonnes idées sont sorties, mais une semaine, c'est court. Certaines pistes seront à tester, d'autres à raffiner, estime Gabriel Fricout, d'ArcelorMittal. Ils ont eu des regards neufs, différents de ce que nous avions pu porter."

"J'avais une dream team avec des spécialistes de simulations numériques, de phénomènes stochastiques, ou d'approches mathématiques sur des phénomènes physiques. Leur travail m'a fait gagner beaucoup de temps", constate Alan Picone de Deloitte.

"Je suis très contente, car nous ne sommes pas habitués à ce travail en groupe en maths. Et puis faire quelque chose qui peut être utile en entreprise est intéressant aussi", observe Laura Vinckenbosch, en post-doc au centre de recherche Inria de Nancy.

De telles initiatives sont récentes en France, alors qu'elles sont courantes en Allemagne et en Grande-Bretagne depuis des dizaines d'années. "Malgré l'excellence des mathématiciens français, les relations entre les entreprises et le monde académique ne sont pas assez développées", regrette Georges-Henri Cottet, président de l'Amies, née en 2011 de ce constat et financée par les Investissements d'avenir à hauteur de 500 000 euros par an.

Il est pourtant évident que les maths peuvent aussi être "utiles". Des secteurs traditionnels comme l'automobile, l'aérospatial ou la finance l'ont depuis longtemps compris. Modéliser des structures, des fluides, des aléas... demande des compétences scientifiques élevées. "De nouveaux besoins émergent aussi, comme dans le secteur des big data, ces masses de données qu'il s'agit de stocker et analyser au mieux. En outre, beaucoup d'instruments de mesures demandent à embarquer des systèmes intelligents de traitement du signal. Pour être compétitif, il faut avoir ses propres méthodes", décrit M. Cottet.

Le message commence à passer. En janvier, à Paris, le deuxième forum Emploi-maths a été fréquenté par 1 300 personnes, 30 % de plus que l'édition précédente. L'Amies dispose de sept "facilitateurs" dans différentes régions pour aider les contacts entre laboratoires et entreprises, notamment les PME. Cela peut déboucher sur des stages, des contrats ou tout simplement des accès à des plates-formes académiques de calculs scientifiques. Un inventaire de ces relations nouvelles sera terminé cette année.

"Les entreprises commencent à se rendre compte de la maturité et de l'ingéniosité des docteurs", insiste Céline Lacaux. "Le problème est souvent de convaincre les mathématiciens que, même sur des temps courts, on peut faire des choses intéressantes. Inversement, il faut convaincre les dirigeants que les maths ne sont pas seulement l'outil de sélection qu'ils ont connu pendant leurs études, mais que cela peut être un outil opérationnel efficace", conclut Georges-Henri Cottet.

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