Et voilà… La dernière étape de ma vie commencera vendredi soir prochain.
Ce 27 mai 2016, je viderai mon bureau, après avoir passé à la broyeuse des kilos de papier dont j'avais oublié l'existence. Après mon repas de midi, je rendrai ma carte de cantine et saluerai une dernière fois le responsable, ce si gentil monsieur avec lequel j'échangeais quelques mots chaque midi depuis 19 ans. Il me manquera. En après-midi, j'effacerai tout le contenu personnel de mon disque dur. A 16h30, je terminerai une ultime fois ma session (mon identifiant : LVVS6557) et éteindrai définitivement mon portable. Il est vieux de plus de 9 ans, il sera jeté au rebut. Puis je fermerai ma mallette dans laquelle j'aurai déposé mes derniers diplômes et autres citations, sortirai de cette pièce que j'occupais depuis 1999, verrouillerai la porte et remettrai la clé au guichet. Je dirai pour la dernière fois au revoir à cette gentille hôtesse d'accueil, en lui restituant mon badge d'accès et ma carte codée du sous-sol. Hé oui, ce vendredi, je me suis levé en tant que un salarié, j'irai au lit en qualité de retraité. Enfin, pas tout à fait : ma société m'a proposé (plutôt vivement recommandé) de prendre un congé de préretraité, je serai officiellement retraité dans 3 ans. Au volant je ma voiture, je verrai le portail s'ouvrir quelques secondes… et jetterai le dernier coup d'œil dans ce sous-sol inquiétant qui m'a si souvent donné la chair de poule : plus jamais je n'y mettrai les roues et les pieds.
Mon esprit est déjà envahi de souvenirs, faisant revivre ces centaines de gens que j'ai connus ou croisés. Certains ont pris leur retraite. Je revois très distinctement Jean-Michel, mon mentor en informatique, qui m'accueillit en 1979 pour se retirer en 1998… J'ai eu du mal à me remettre de son départ en retraite, car il m'avait formé pour prendre sa place, ça n'a pas été simple quand je me suis retrouvé seul, alors que nous avons été ensemble près de 18 ans ! Je n'ai eu le choix, j'ai dû m'y mettre et cela se fit naturellement.
Puis les années passèrent… Mes deux enfants nés en 1983 et 1984 entamèrent leur scolarité, et je n'ai pas cessé de les faire travailler… en français mais surtout en maths ! Mon aîné obtient de justesse la mention au bac S en 2001… sa sœur l'obtint avec plus de facilité. Ils firent leurs études, ils sont mariés, et je suis devenu grand-père en 2008 ! Mon petit-fils est scolarisé, il finit son CE2, je lui apprends certaines astuces en calcul mental, il me récite ses tables avec peu de fautes ! Sa cousine ?... Ah, non elle est en CP, soyons patients !
Et bizarrement, je repense à l'année 1974. Ma plus belle année de ma jeunesse, celle de mes 18 ans. L'année de la mort de Georges Pompidou suivie de l'élection de Valéry Giscard d'Estaing, la victoire à domicile de la RFA à la coupe du monde de football, la révolution des Œillets au Portugal, la victoire du groupe ABBA au concours de l'Eurovision… 1974, il y a 42 ans…
1974… C'était aussi l'année de mon bac. Le bac C. Je visais une très grosse note en maths. En fait, je voulais avoir 20. Je n'ai eu « que » 18, à cause d'une équation différentielle. Pas grave. Mention AB, 3 points m'ont manqué pour obtenir la mention B… Bon, se payer en 4 en philosophie, même coefficient 2, ça fait très mal. Ce n'est que justice: je n'ai jamais travaillé cette matière qui m'était si ennuyeuse à en mourir. Je pars après en fac, j'obtiens ma licence de maths, je pars à l'armée, j'en reviens pour faire une maitrise… L'informatique apparait dans mon parcours, ça me plait trop. Une année de spécialisation et je me lance dans la vie professionnelle.
Les maths… En fait, elles m'ont accompagné en permanence depuis le primaire. J'ai même démontré par un algorithme les points de congestion d'une chaîne industrielle. J'ai commencé alors à donner des cours de ci de là, à des voisins, mes neveux et nièces, combien de fois ai-je râlé (à tort) sur des gens qui ne peuvent pas se passer d'un calculatrice lorsqu'il faut doubler un nombre comme 48 ?...
En tout cas, dans mes projets, je suis en train de réfléchir à créer une association d'aide aux devoirs… En effet, plusieurs personnes m'ont souvent conseillé de le faire. Combien de rapports ai-je corrigés au travail ? Combien de dissertations et textes ai-je relus à la demande de collègues ou de ma famille ?... Après tout, je me remémore ces quelques mots que ma professeure de français de 3ème avait prononcés : « Faites vivre notre langue et notre culture, en chacun de vous sommeille un professeur ! » Vous aviez raison, Madame.
Je voulais être professeur de maths autrefois, le destin m'a mis sur un autre chemin que je ne regrette nullement. Ainsi, peut-être le serai-je, mais dans des circonstances complètement différentes.
Voilà, je voulais simplement vous en parler... Je reviendrai sur ce site de temps en temps.
A bientôt !
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