Opérations élémentaires sur les lignes et les colonnes d'une matrice. Résolution d'un système d'équations linéaires. Exemples et applications.
Soit
)
un anneau euclidien ; pour fixer les idées, on prendra le plus souvent

.
Soit aussi

un corps commutatif.
I. Opérations élémentaires sur les lignes et les colonnes d'une matrice
1. Description des opérations élémentaires
Soient

, et

une matrice à

lignes et

colonnes à coefficients dans

.
Définition :
On appelle
opération élémentaire sur 
toute opération de l'un des types suivants :
En notant L
i la i-ème ligne de

:
L
i 
L
i +

L
j , où

: on ajoute à L
i la j-ème ligne de

multipliée par

.
L
i 
L
i : on multiplie L
i par un scalaire

.
L
i 
L
j et L
j 
L
i : permutation de 2 lignes de

.
On peut effectuer des opérations similaires sur les colonnes. (On notera C
i la i-ème colonne de

).
2. Matrices associées aux opérations élémentaires
Définitions :
On appelle
matrice de transvection toute matrice de la forme
matrice de dilatation :

désigne la matrice

à coefficients dans

, dont le coefficient de la i-ème ligne et j-ème colonne vaut 1, les autres 0.
Proposition 1 :
i) Une matrice de transvection est inversible, et son inverse est
ii) Si

, une matrice de dilatation est inversible, avec
^{-1} = D_i(\lambda^{-1}))
.
Proposition 2 :
Soit

une matrice à

lignes et

colonnes à coefficients dans

.
i) Multiplier

à gauche par
 \in \mathcal{M}_p(A))
, c'est ajouter à la i-ème ligne de M la j-ème ligne de M multipliée par

. (

)
ii) Multiplier

à gauche par
 \in \mathcal{M}_p(A))
, c'est multiplier la i-ème ligne de

par

. (

).
Remarque :
En multipliant à droite par une matrice de taille

(transvection ou dilatation), on effectue des opérations élémentaires sur les colonnes.
Définition : Matrice de permutation
 = I_p - (E_{i,i}+E_{j,j})+(E_{i,j}+E_{j,i}))
.
Multiplier

à gauche par cette matrice permet d'échanger les lignes

et

de

.
Corollaire 1 :
Toute opération élémentaires sur les lignes et les colonnes de

transforme

en une matrice équivalente.
3. Facteurs invariants d'une matrice
Théorème 1 :
On notera

pour "

équivalente à

".
Alors il existe

de la forme

est quasi-diagonale, et
)
, avec

.
Définition :
Les

sont les
facteurs invariants de

; ils sont uniques à un inversible près.
II. Premières applications
On se place désormais sur

corps commutatif.
1. Calcul du rang d'une matrice
Donner un exemple de calcul de rang d'une matrice ; en voici un tiré de AF-1
)
qui est de rang 3.
2. Calcul de l'inverse d'une matrice carrée
Donner un exemple ; expliquer la méthode générale : on effectue des opérations élémentaires sur

pour la transformer en la matrice identité, et on effectue en parallèle les mêmes opérations sur la matrice identité ; cette dernière sera alors transformée en l'inverse de A.
3. Décomposition d'une matrice inversible
Théprème 2 :
Il existe des matrices de transvection

telles que
Corollaire :
 \, , \, GL_n^-(\mathbb{R}))
sont connexes par arcs ; ce sont les composantes connexes de
)
.
Application :
Groupe dérivé du groupe linéaire, du groupe spécial linéaire
4. Matrices de transvection et matrices unipotentes supérieures
Proposition 3 :
Soit

; les matrices de transvection engendrent le groupe des matrices unipotentes supérieures.
III. Systèmes linéaires
1. Systèmes de Cramer
Définition :
Ce sont les systèmes de

équations à

inconnues, que l'on peut écrire sous la forme

, où
Proposition : Formules de Cramer :
On note

la i-ème colonne de

,

la base canonique de
Alors
}{\det(A)})
où on considère le déterminant dans la base

.
2. Cas général
On considère un système à

équations et

inconnues.
Définitions :
Le système est
compatible s'il admet une solution.
Si

est le rang de la matrice

, un déterminant

d'ordre

non nul extrait de

est appelé
déterminant principal du système.
Les équations dont les indices sont ceux des lignes de

sont les
équations principales ; on définit de même les inconnues principales.
On peut écrire
_{i\in I, j \in J})
.
Les déterminants caractéristiques sont les déterminants d'ordre

de la forme
 & (b_i)_{i \in I} \\ (a_{k,j})_{j \in J} & b_k \end{array}\right))
où

n'est pas dans

(et

).
Théorème 3 (de Rouché-Fontené) :
Le système est compatible si et seulement si
ou les

déterminants caractéristiques sont nuls.
Le système est alors équivalent au système des équations principales ; on a un système de Cramer avec les inconnues principales.
3. Opérations élémentaires et résolution de systèmes linéaires
On se place dans le cas des systèmes matriciels

où

est de taille

à coefficients dans

ou

, et

inversible.
a) Méthode de Gauss
Principe général :
on cherche

tel que le coefficient de la

-ème ligne et 1ère colonne soit non nul (possible car

inversible). On échange les lignes 1 et

.
Par des combinaisons linéaires appropriées de L
1 et L
j, on annule tous les éléments de la colonne 1 situés sous la diagonale.
On recommence avec les colonnes suivantes.
Coût : de l'ordre de

opérations pour résoudre le système.
A titre de comparaison, si on appliquait les formules de Cramer, on devrait évaluer

déterminants, et effectuer

divisions ; or le calcul d'un déterminant est de l'ordre de

(...!!!)
b) Décomposition LU
Théorème 4 :
Soit

matrice carrée d'ordre

dont les

mineurs principaux soient inversibles.
Alors il existe L triangulaire inférieure avec des 1 sur la diagonale, et U triangulaire supérieure, telles que

.
Une telle factorisation est unique.
Application :
et on est ramené à la résolution de deux sytèmes triangulaires.
Bibliographie :
- J.E. ROMBALDI : Analyse matricielle, cours et exercices résolus - EDP Sciences
- X. GOURDON : Les maths en tête: algèbre - Ellipses
- F. COMBES : Algèbre et Géométrie - Bréal
- J.M. ARNAUDIES & H. FRAYSSE : Cours de mathématiques 1 algèbre - Dunod
- P.G. CIARLET : Introduction à l'analyse numérique matricielle et à l'optimisation - Masson
Développements proposés :
1) Théorème 1 - existence (d'abord dans le cas de

, puis passage au cas général) (Combes)
(évidemment il faut avoir une idée de la preuve de l'unicité...)
2) Théorème 2 avec le corollaire (Rombaldi)
Commentaires :
- Pour la
présentation de la planche (8 minutes), je pense qu'il est bon d'introduire les opérations élémentaires comme un outil permettant de simplifier l'écriture des systèmes linéaires, ce qui justifie leur utilité d'un point de vue pratique. Ensuite on explique pourquoi on se place dans un anneau euclidien (insister sur le théorème des facteurs invariants), on explique à quoi correspondent les opérations élémentaires, et on liste quelques applications (en théorie des groupes , pour la connexité,...), ce qui permet de revenir sur les systèmes linéaires et d'expliquer l'utilité du pivot de Gauss et la décomposition LU...
- Pour ceux qui maîtrisent le sujet, on peut aussi donner des applications aux modules (
cf. le livre de M. Artin). Cependant , je pense qu'il ne faut en parler que si on domine à fond!!!. Ne pas en parler ne signifie pas avoir une mauvaise note...