Concours externe de recrutement de professeurs certifiés
et Concours d'accès à la liste d'aptitude
et troisième concours
Durée : 5 heures
Calculatrice électronique de poche - y compris calculatrice programmable, alphanumérique ou à écran graphique - à fonctionnement autonome, non imprimante, autorisée conformément à la circulaire n°99-186 du 16 novembre 1999.
L'usage de tout ouvrage de référence, de tout dictionnaire et de tout autre matériel électronique est rigoureusement interdit.
Dans le cas où un(e) candidat(e) repère ce qui lui semble être une erreur d'énoncé, il (elle) le signale très lisiblement sur sa copie, propose la correction et poursuit l'épreuve en conséquence.
De même, si cela vous conduit à formuler une ou plusieurs hypothèses, il vous est demandé de la (ou les) mentionner explicitement.
Notations
Si

, pour un polynôme
![P(X) \in K[X]](https://latex.ilemaths.net/latex-0.tex?P(X) \in K[X])
, on notera

la fonction polynôme associée à
)
.
Si deux suites numériques
_n \text{ et } (v_n)_n)
sont équivalentes, on notera

. De même, si

et

sont deux applications réelles définies au voisinage d'un point

et équivalentes en

, on notera
 \sim_{x_0} g(x))
. Quand le voisinage sera un voisinage à droite en

, on précisera
 \sim_{x_0^+} g(x))
.
On rappelle que le produit au sens de Cauchy de deux séries (réelles ou complexes)

et

, est la série

où le terme général

est défini pour

par

. On rappelle aussi que si les séries

et

sont absolument convergentes, alors la série produit

est aussi absolument convergente et l'on a
Objectifs du problème
Ce sujet aborde une série de résultats et de propriétés relatifs à la formule de Stirling
1 ainsi qu'aux polynômes et nombres dits de Bernoulli
2. Il se compose en quatre parties.
Dans la partie I, on établit la formule de Stirling qui donne un équivalent simple de la suite
_n)
. Ce travail utilise les intégrales de Wallis
3, qui sont étudiées au début de la partie. La fin de la partie I est une application des intégrales de Wallis et de la formule de Stirling à l'étude du volume des boules dans

.
La partie II s'intéresse aux polynômes et nombres de Bernoulli. On y étudie certaines de leurs propriétés et l'on donne deux applications de cette étude. La première, arithmétique, s'intéresse au calcul des sommes du type

. La deuxième est consacrée au développement en série entière de la fonction

.
Dans la partie III, on introduit la fonction

de Riemann
4 et l'on explique ses valeurs prises sur les entiers positifs pairs au moyen des nombres de Bernoulli. Ce calcul permet, avec la formule de Stirling, d'expliciter un équivalent simple pour la suite des nombres de Bernoulli.
Dans la partie IV, on revient à la formule de Stirling et l'on décrit une méthode pour obtenir un raffinement asymptotique de la formule.
Les parties de ce sujet ne sont pas indépendantes, chacune d'elles pouvant utiliser des résultats établis dans celles de la précédente. Aussi pourra-t-on utiliser pour traiter certaines questions, les résultats établis dans les questions précédentes sans les démontrer. Il est toutefois vivement conseillé aux candidats d'aborder linéairement ce sujet.
1 James, mathématicien anglais, Garden 1692 - Edimbourg 1770.
2 Jakob (francisé en Jacques), mathématicien suisse, premier d'une longue lignée de mathématiciens. Bâle 1654 - Bâle 1705.
3 John, mathématicien anglais, Ashford 1616 - Oxford 1703.
4 Georg Friedrich Bernhard, mathématicien allemand, Breselenz 1826 - Selasca 1866.
I. Intégrales de Wallis et formule de Stirling
I. 1. Intégrales de Wallis
Pour tout entier

, on pose
I. 1. a. Montrer que, pour tout

, on a :
(Indication. On pourra, par exemple, utiliser un changement de variables.)
I. 1. b. Montrer que la suite
_n)
est strictement décroissante.
(Indication. Pour la décroissance, on pourra comparer les fonction
)
et
)
. Pour la stricte décroissance, on pourra raisonner par l'absurde.)
I. 1. c. A l'aide d'une intégration par parties montrer que, pour

, on a
I. 1. d. En déduire que, pour tout entier

, on a :
I. 1. e. Montrer que, pour tout

, on a :
})
.
(Indication. On pourra utiliser la question précédente en distinguant suivant la parité de l'entier

.)
I. 1. f. Prouver que, pour tout

, on a :

et en déduire que

.
(Indication. On pourra utiliser la question I. 1. b.)
I. 1. g. Montrer finalement que

. En déduire

.
I. 2. Formule de Stirling
On considère la suite
_n)
définie, pour

par :

et la suite auxiliaire
_n)
définie, pour

, par :

.
I. 2. a. Exprimer simplement

en fonction de

et donner un développement limité à l'ordre 2 en

de la suite
_n)
.
I. 2. b. En déduire que la série

est convergente. Montrer alors que les suites
_n)
et
_n)
convergent et donc qu'il existe un réel

tel que :
I. 2. c. En utilisant cet équivalent, calculer un équivalent simple de la suite
_p)
. En déduire que

et, par suite, que :
^n \sqrt{2\pi n})
(Formule de Stirling).
I. 3. Une autre application des intégrales de Wallis
[
Rappel sur les intégrales multiples et généralisation. (Ce rappel n'est utile que pour les sous-questions I.3.a. et I.3.c. de cette question I.3.)
Les notions d'intégrales doubles et triples ainsi que la méthode de calcul par intégrations successives de ces dernières (présentes au programme), se généralisent à toute dimension finie de la manière suivante : étant donné un entier

, une partie

sera dite continûment paramétrable si

et

est un segment ou si

et s'il existe une partie

continûment paramétrable et deux fonctions continues

telles que
Avec ces notations, pour une fonction continue

, on définit l'intégrale multiple de

sur

par la formule suivante :
On admettra, sans démonstration, qu'à l'instar des intégrales doubles et triples, le réel ainsi obtenu ne dépend que de la partie

et de la fonction

. Le volume de la partie

sera alors, par définition, le réel

.]
On se propose d'étudier ici le comportement du volume d'une boule de rayon fixé quand on fait varier la dimension de l'espace. Plus précisément, on se fixe un réle

et pour tout entier

on considère dans

la boule

de centre

et de rayon

:
On note

son volume.
I. 3. a. Montrer que, pour

, pour tout
 \in \mathbb{R}^n)
, on a
En déduire par récurrence sur

, que

est continûment paramétrable.
I. 3. b. Soient

un réel et

un entier. Montrer, en se servant par exemple d'un changement de variable utilisant la fonction

, que :
I. 3. c. En déduire que pour tout entier

et tout

on a :
(Indication. On pourra, pour

fixé, faire une récurrence finie sur

.)
I. 3. d. Prouver finalement que, pour tout entier

, on a :
et par suite, que pour

:
et que pour

:
Expliciter

.
I. 3. e. En utilisant la formule de Stirling, donner des équivalents simples des suites
_k)
et
_k)
.
I. 3. f. En déduire que
I. 3. g. Montrer que, soit la suite
_n)
est décroissante, soit il existe un rang

tel que la suite
_n)
soit croissante jusqu'au rang

, puis décroissante.
(Indication. On pourra calculer simplement le rapport

grâce à la question I.3.d. et utiliser les questions I.1.b. et I.1.g.)
I. 3. h. Donner les valeurs de

pour lesquelles la suite
_n)
est décroissante.
I. 3. i. Que vaut le rang

de la question I.3.g. quand

?
II. Polynômes et nombres de Bernoulli
II. 1. Définitions
II. 1. a. Soit
![P(X) \in \mathbb{R}[X]](https://latex.ilemaths.net/latex-0.tex?P(X) \in \mathbb{R}[X])
. Montrer qu'il existe un unique polynôme
![Q(X) \in \mathbb{R}[X]](https://latex.ilemaths.net/latex-0.tex?Q(X) \in \mathbb{R}[X])
tel que

et
II. 1. b. En déduire qu'il existe une unique suite de polynômes réels
)_n)
vérifiant :
On appelle
)_n)
la suite des polynômes de Bernoulli. Pour tout

, on pose
.)
La suite de réels
_n)
est appelée suite des nombres de Bernoulli.
II. 1. c. Expliciter
)
et

pour
I. 2. Premières propriétés
II. 2. a. Quel est le degré de
)
pour

?
II. 2. b. Montrer que, pour tout

, on a :
 = B_n(1))
.
II. 2. c. Prouver par récurrence que, pour tout

et tout

, on a :
 = \displaystyle \sum_{k=0}^n \left(\begin{array}{l} n \\k \\ \end{array}\right) b_{n-k} x^k)
où
)
désigne le coefficient binômial :
II. 2. d. En déduire, pour

, une expression de

en fonction de

. Calculer

et

.
II. 2. e. Montrer que la suite
_n)
est une suite de rationnels et que, pour

, les polynômes
)
sont à coefficients rationnels.
II. 2. f. Pour tout

, on pose :
Montrer, en utilisant la définition des polynômes de Bernoulli, que pour tout

on a
II. 2. g. En déduire que :
II. 3. Etude des variations de Bn sur [0 , 1]
II. 3. a. Soit
![P(X) \in \mathbb{R}[X]](https://latex.ilemaths.net/latex-0.tex?P(X) \in \mathbb{R}[X])
. Etablir que, si

est non nul et de signe constant sur [0 , 1], alors on a :
II. 3. b. Montrer, par récurrence sur

, que

vérifie :
et que

vérifie :
il existe deux réels
![\alpha_{2n+1} \in ]0 , \dfrac{1}{2} [](https://latex.ilemaths.net/latex-0.tex?\alpha_{2n+1} \in ]0 , \dfrac{1}{2} [)
et
![\beta_{2n+1} \in ] \dfrac{1}{2} , 1 [](https://latex.ilemaths.net/latex-0.tex?\beta_{2n+1} \in ] \dfrac{1}{2} , 1 [)
tels que la fonction
^nB_{2n+1})
soit strictement décroissante sur
![[0 , \alpha_{2n+1}]](https://latex.ilemaths.net/latex-0.tex?[0 , \alpha_{2n+1}])
puis strictement croissante sur
![[\alpha_{2n+1} , \beta_{2n+1}]](https://latex.ilemaths.net/latex-0.tex?[\alpha_{2n+1} , \beta_{2n+1}])
puis strictement décroissante sur
(Indication. Il pourra être judicieux d'aborder en même temps la récurrence sur ces six propriétés.)
II. 3. c. En déduire que le signe du réel

est
^{p+1})
.
II. 3. d. Pour tout

, on pose
 = B_n(X) - b_n)
. Pour

, donner l'allure générale des courbes représentatives des fonctions

sur l'intervalle [0 , 1].
II. 4. Une application arithmétique
II. 4. a. Montrer, par récurrence sur

, que pour tout

on a :
II. 4. b. Soient

et

deux entiers. On pose
 = \displaystyle \sum_{k=0}^N k^p)
, montrer en utilisant la question II.4.a. que :
II. 4. c. Calculer explicitement, en fonction de l'entier

, les sommes
)
pour

.
II. 5. Une application analytique
II. 5. a. Montrer que le rayon de convergence de la série entière

est égal à

.
(Indication. On pourra, par exemple, déterminer les réels

pour lesquels la suite
_n)
reste bornée. A cet effet, on pourra utiliser la formule de Stirling et admettre pour cette question que l'on a l'équivalent
^{p+1} \left(\dfrac{p}{\pi e} \right)^{2p} \sqrt{16 \pi p})
. Ce dernier résultat sera établi dans la question II.2.e à venir.)
II. 5. b. Calculer le produit au sens de Cauchy des séries entières :
et en déduire que, pour tout
![t \in ]-2\pi \, , \, 2\pi[](https://latex.ilemaths.net/latex-0.tex?t \in ]-2\pi \, , \, 2\pi[)
, on a :

.
II. 5. c. Montrer que, pour tout

et tout
![t \in ]-2\pi, 2\pi[](https://latex.ilemaths.net/latex-0.tex?t \in ]-2\pi, 2\pi[)
, on a :
II. 5. d. Justifier que, pour tout

, le rayon de convergence de la série entière
}{n!} t^n)
est bien

.
(Indication. On pourra regarder dans

le comportement de la série entière au voisinage du cercle

.)
III. Fonction
de Riemann et nombres de Bernoulli
III. 1. Fonction 
On appelle fonction

de Riemann (réelle) la fonction de la variable

définie par la formule :
III. 1. a. Soit

. Montrer que, pour tout entier

, on a :
^s} < \displaystyle \int_k^{k+1} \dfrac{dx}{x^s} < \dfrac{1}{k^s})
.
En déduire que la nature (divergence ou convergence) de l'intégrale généralisée

est la même que celle de la série

.
III. 1. b. Donner le domaine de définition de

et prouver qu'elle est strictement décroissante sur celui-ci.
III. 1. c. Montrer que
 \sim_{1^+} \dfrac{1}{s-1})
et en déduire
)
.
III. 1. d. Soit

un réel. Montrer que la série

est normalement convergente sur

. En déduire que

est continue sur son domaine de définition et que
 = 1)
.
III. 1. e. Montrer que, pour tout

, la série
 = \displaystyle \sum_{n \geq 1} \dfrac{(-1)^{n+1}}{n^s})
converge. Prouver que, pour tout

, on a :
III. 2. Calcul de )
Pour toute fonction continue
![f : [0,1] \longrightarrow \mathbb{C}](https://latex.ilemaths.net/latex-0.tex?f : [0,1] \longrightarrow \mathbb{C})
et tout

, on note :
 = \displaystyle \int_0^1 f(x) e^{-2ik\pi x} dx)
le k-ième coefficient de Fourier de la fonction

. On rappelle sans démonstration que, si

et

sont deux fonctions continues de [0 , 1] dans

, alors on a :
}g(x) dx = \displaystyle \sum_{k \in \mathbb{Z}} \overline{c_k(f)} c_k(g))
(où

désigne la conjugaison complexe).
III. 2. a. Calculer, pour tout

et tout

, le coefficient
)
.
(Indication. Pour

et

, on cherchera une relation entre
)
et
)
.)
III. 2. b. Soient

deux entiers. Montrer que :
![\displaystyle \int_0^1 B_n(x) B_m(x) dx = \displaystyle \sum_{k=1}^{+\infty} [c_{-k}(B_n) c_k(B_m) + c_k(B_n) c_{-k}(B_m)]](https://latex.ilemaths.net/latex-0.tex?\displaystyle \int_0^1 B_n(x) B_m(x) dx = \displaystyle \sum_{k=1}^{+\infty} [c_{-k}(B_n) c_k(B_m) + c_k(B_n) c_{-k}(B_m)])
et en déduire la valeur de cette intégrale au moyen de valeurs de la fonction

.
(Indication. On distinguera les cas

pair et

impair.)
III. 2. c. Pour

, calculer
 B_{2p-1}(x) dx)
en intégrant par parties. En déduire que :
III. 2. d. Donner les valeurs de
,~\zeta(4) \text{ et } \zeta(6).)
En déduire les valeurs des sommes :
et des sommes
III. 2. e. En utilisant les questions III.1.d. et III.2.c. ainsi que la formule de Stirling, montrer que :
III. 3. Application numérique
III. 3. a. Soient

et

. Montrer que :
III. 3. b. Etant donné un réel

, expliciter un entier

tel que

soit une approximation à

près de
)
.
III. 3. c. Déduire de ce qui précède, une approximation rationnelle

de

à 10
-2 près.
III. 3. d. Majorer l'erreur commise en prenant
![\sqrt[6]{A}](https://latex.ilemaths.net/latex-0.tex?\sqrt[6]{A})
comme approximation

. Combien de décimales de

cette approximation permet-elle de donner ? Les donner.
IV. Formule de Stirling généralisée
On considère la suite
_n)
définie, pour

, par
On sait, d'après la partie I, que l'on a
)
. On se propose ici de décrire une méthode pour obtenir un développement limité en

à un ordre donné de la suite
_n)
, autrement dit on veut raffiner la formule de Stirling.
IV. 1. On se fixe un entier

.
IV. 1. a. Montrer que
IV. 1. b. Montrer que la fonction
 \ln(1 + t))
est développable en série entière en 0. Préciser son développement ainsi que le rayon de convergence de ce développement.
IV. 1. c. En déduire que :
IV. 1. d. Montrer que la série
^{k+1} \dfrac{k-1}{2k(k+1)} \zeta(k))
est convergente.
(Indication. On pourra utiliser le critère des séries alternées.)
IV. 1. e. En déduire que :
^{k+1} \dfrac{k-1}{2k(k+1)} \zeta(k) - \displaystyle \sum_{k=2}^{+\infty} (-1)^{k+1} \dfrac{k-1}{2k(k+1)} R_k(N))
où
 = \displaystyle \sum_{n\geq N} \dfrac{1}{n^k})
.
IV. 2.
IV. 2. a. Prouver que, pour tout

et tout

, on a :
IV. 2. b. En déduire que, pour tout entier

, on a :
IV. 3.
IV. 3. a. Montrer que :
et que, pour tout

, on a :
IV. 3. b. Déduire de ce qui précède que, si les suites
)_N, \ldots , (R_{p+1}(N))_N)
possèdent des développements limités en

à l'ordre

, alors la suite
_N)
en possède aussi un et que celui-ci est égal à celui de la suite
IV. 3. c. Montrer que la suite
_N)
possède un développement limité en

à l'ordre 1. En déduire celui de la suite
_N)
à cet ordre.
IV. 4.
IV. 4. a. Montrer que, pour

, on a
IV. 4. b. En comparant cette dernière série à l'intégrale généralisée
})
, donner le développement limité de la suite
)_N)
en

à l'ordre 2. En déduire le développement limité de la suite
_N)
puis de la suite
_N)
, en

à l'ordre 2.
IV. 4. c. En généralisant ce qui vient d'être fait, décrire brièvement les étapes à suivre pour trouver un développement limité de la suite
_N)
, en

à un ordre donné.