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l'élément humain en Mathématiques...

Posté par
Yzz
20-03-10 à 11:48

Bonjour à tous,
peut-être connaissez-vous Stephen Leacock, écrivain et économiste canadien (1869- 1944).
On lui doit une nouvelle tout à fait savoureuse, dont je me suis permis d'en extraire les passages que voici (à partir d'un ancien numéro de "Tangente"):

A, B, C ou l'élément humain en mathématiques.  

Celui qui étudie l'arithmétique, quand il s'est familiarisé avec les quatre premières règles de cet art, qu'il a maîtrisé tour à tour les sommes d'argent et les fractions, se heurte à l'étendue sans borne de ces questions connues sous le nom de "problèmes".(…)
Les personnages de l'intrigue d'un "problème" sont trois personnes appelées A, B et C. (…)
Les occupations de A, B et C sont multiples et variées. Dans les vieilles arithmétiques, ils se contentaient d'accomplir "un certain travail". Mais cette façon de présenter les choses a été jugée trop évasive et mystérieuse, ou peut-être qu'elle manquait de charme. Il est devenu de mode de définir ce travail plus clairement et de mettre A, B et C à disputer des épreuves de marche, à creuser des trous ou à empiler du bois à brûler. (…)
Mais il s'agit de travail véritable, ils aiment par dessus tout pomper de l'eau dans des réservoirs, il y a deux réservoirs qui fuient, un seul qui est étanche. A, bien sûr, a le bon; il prend de même la bicyclette alors que les autres restent à pied, il choisit la locomotive la plus rapide et il nage, lui, dans le sens du courant. (…)
En algèbre, on les appelle souvent X, Y, Z. En fait, il s'agit des mêmes personnes sous des pseudonymes différents. (…)
Examinons-les l'un après l'autre. A est un gaillard bruyant et plein de sang, au tempérament énergique. (…) On l'a vu marcher pendant 48 heures de suite. Il mène une vie pénible, semée de périls. Une erreur de multiplication risque de l'obliger à creuser pendant 15 jours sans dormir et il est toujours à la merci d'une fraction périodique. B est un garçon tranquille, facile à vivre, qui craint A, que A mécanise. En revanche, il est la bonté même à l'égard du chétif petit C. il est tout à fait sous la coupe de A, les paris l'ayant ruiné. Le pauvre C est un homme fragile et mal grandi, au visage plaintif. La marche, la terrasse et la pompe, continuellement, ont brisé sa santé, lui ont détraqué le système nerveux. Cette existence dépourvue de joie l'a incite à boire et à fumer plus qu'il n'aurait été raisonnable: sa main tremble quand il creuse un trou. (…)
A la suite d'une logue absence, je les perdis de vue. A mon retour, je m'étonnais de ne plus trouver A, B et C en train de vaquer à leurs besognes habituelles. Renseignements pris, on devait me déclarer que ce genre de travail était accompli maintenant par N, M et O, que certains employaient pour des tâches algébriques 4 espèces d'étrangers: Alpha, Bêta, Gamma et Delta. Par hasard, je rencontrai le vieux D, en train de biner devant sa chaumière. D est un vieux journalier à qui il arrivait, à l'occasion, de prêter la main à C, B et A. (…)
J'appris de ce vieux bavard la triste fin de mes vieilles connaissances. Peu après mon départ, C était tombé malade; Il semble que A et B ayant ramé à la suite d'un pari, C avait couru sur la berge, s'y était assis et il avait attrapé un courant d'air. A et B rentrés à la maison avaient trouvé C au lit, accablé. A l'avait secoué brutalement en criant: "Debout, C, nous allons empiler du bois.". mais C paraissait si fatigué, si pitoyable (…).
Même à ce moment là, on aurait pu sauver encore la vie de C si l'on ne s'était pas trompé sur le remède. Il se trouvait entre parenthèses, à la tête du lit. Et l'infirmière, accidentellement, l'enleva de la parenthèse en négligeant de changer de signe.(…)
C reprit conscience un moment, pour s'inquiéter d'un travail qu'il laissait inachevé. A le lui plaça entre les bras, et C expira. (…)
B éclata en sanglots et s'écria: "Range son petit réservoir et sa tenue de rameur, je me sens comme si je ne pouvais plus jamais creuser de ma vie.".
Les funérailles furent simple et sans ostentation. Elles auraient été en tous points semblables à un enterrement ordinaire, si, par déférence envers les sportifs et les mathématiciens, A n'avait retenu deux corbillards au lieu d'un. Les deux véhicules partirent en même temps, B conduisant celui qui portait le parallélépipède noir contenant la dépouille mortelle de son ami infortuné. A, sur le siège du corbillard vide, accorda généreusement un handicap de 90 mètres, mais il arriva quand même le premier au cimetière parce qu'il conduisait quatre fois plus vite que B (Trouvez à quelle distance était situé le cimetière). (…)
Après la mort de C, A fut un autre homme. Il perdit tout intérêt à faire des courses contre B, et ne creusa plus que mollement. Il finit par renoncer à son travail et s'établit en rentier sur le revenu du produit de ses paris. B ne se remit jamais du choc de la mort de C. Son chagrin lui dérangea l'esprit. (…). Il accepta d'être interné dans un asile, où il abjura les mathématiques pour se consacrer à récrire l'histoire du Robinson Suisse en mots d'un seul pied.

Posté par
plumemeteore
re : l'élément humain en Mathématiques... 20-03-10 à 15:59

Bonjour.
Quand on a perdu le raisonnement arithmétique (C), toute avancée en mathématiques est compromise.
Madame Stella Baruch connaît-elle cette fable ?



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