Bonjour Douda12,
Je crois que les apparentes contradictions que vous ressentez et évoquez dans vos posts proviennent d'un défaut de maîtrise des notions les plus fondamentales de la théorie actuarielle (je ne vous jette pas la pierre ; l'enseignement de math fi que vous avez suivi comportait probablement de graves lacunes sur ce plan là, ce qui n'est pas rare.)
La résolution de ces apparentes contradictions se trouve dans une approche à la fois beaucoup plus générale et plus analytique de la notion d'équivalence des flux réciproques dans une opération financière à moyen ou long terme (OFMLT) dans laquelle s'applique la règle de composition de l'intérêt.
Pour le cas où la définition de la notion fondamentale d'équivalence des flux réciproques dans une telle opération vous ferait défaut, je rappelle que l'on dit en pareil cas que les flux réciproques sont équivalents lorsque leurs valeurs actualisées à une même date au moyen d'une même loi d'actualisation bien définie, sont égales.
On démontre que si le principe d'équivalence des flux réciproques est vérifié à une date quelconque, il l'est aussi à toutes les autres dates. Ce principe très fondamental reste vrai et demeure un guide infaillible de la réflexion même lorsque les OFMLT sont à taux variables dans le temps.
Les flux réciproques sont les flux financiers versés à l'autre partie respectivement par chacune des parties prenantes à l'opération. Ce sont donc des échanges financiers de sens contraires.
S'il s'agit d'une opération de placement, les sommes investies par l'épargnant constituent l'un des deux flux réciproques, et les sommes totales, intérêts compris, restituées au cours de l'opération par l'organisme ayant recueilli les fonds constituent l'autre flux.
Naturellement, dans une opération de crédit, le versement du prêt, ou de ses fractions successives, constitue l'un des flux réciproques, l'autre étant constitué par l'ensemble des échéances de remboursement.
Enfin, dans une opération d'investissement, les sommes investies constituent l'un des deux flux réciproques, et l'ensemble des sommes qui s'analysent comme des retours sur investissement constitueront l'autre flux.
La loi d'actualisation, quant à elle, est une autre notion tout aussi fondamentale de la théorie actuarielle (entendre par “théorie actuarielle” l'ensemble des éléments d'approche théorique des règles qui régissent les OFMLT). Cette loi mathématique d'actualisation peut revêtir des formes différentes (que je ne détaillerai pas afin de ne pas alourdir le présent post). Il vous suffit de savoir, à ce stade :
qu'elle est toujours, quelle que soit la forme qu'elle revêt, identifiable à une fonction exponentielle du temps
que, dans le cadre de votre exercice, elle est celle qui découle du paramètre d'actualisation vrai (PAV) le plus usuel, à savoir le taux actuariel (ou équivalent) annuel r, qui est indiqué comme étant de 5%.
Exprimée en fonction de ce dernier PAV, cette loi d'actualisation s'écrit sous la forme de la relation très générale suivante :
Kt = K0.(1+r)^((t-to)/L) (1)
dans laquelle r est le taux actuariel annuel (PAV) considéré, Kt la valeur actualisée à l'instant t du cash-flow, de l'encours ou du flux qui avait pour valeur actuelle K0 à l'instant t0, et L est la durée d'une période annuelle. Il est essentiel de connaître cette forme très générale de la loi d'actualisation écrite en fonction du taux actuariel annuel r, et de remarquer qu'elle ne préjuge en rien de l'ordre chronologique des instants t et to.
Si t est antérieur à to, l'exposant (t-to)/L du réel (1+r) est négatif, et on rejoint ici la notion, un peu réductrice, de “valeur actuelle”. Si t est postérieur à to, l'exposant (t-to)/L du réel (1+r) est positif, et on parle alors généralement de “valeur acquise ou future”.
Vous voyez donc bien que cette forme très générale de la loi d'actualisation transcende les notions traditionnelles un peu réductrices de “valeur actuelle” et “valeur acquise”, pour y substituer la notion, plus générale et plus analytique, de valeur actualisée à une date quelconque t.
Naturellement, la valeur actualisée à la date t (notée VAt) d'un flux constitué de plusieurs versements ponctuels successifs de montants quelconques, a1 ;a2 ;a3…ai…an, intervenant à des dates successives quelconques t1 ;t2 ;t3…ti…tn, non confondues (on parle alors de flux discret quelconque), est tout simplement la somme des valeurs actualisées à cette date t, de chacun des versements ponctuels a1 ;a2 ;a3…ai…an que comporte ce flux discret quelconque. Son expression mathématique est donc la suivante :
(2)
L étant ici encore la durée d'une période annuelle.
Ces quelques principes de base élémentaires mais souvent méconnus étant posés, il devient possible de passer du général au particulier en se penchant sur le cas d'espèce spécifié dans votre énoncé.
Dans ce cas particulier (taux actuariel annuel constant égal à 5%), la loi d'actualisation se résume à l'expression simplifiée :
Kt = K0.(1,05)^((t-to)/L) (3),
puisque le taux actuariel annuel est de 5%.
Les flux réciproques sont constitués :
Pour le premier, par les 5 versements d'épargne de montant constant K (à déterminer) intervenus du 1er-01-2005 au 1er-01-2009 inclus, sans oublier l'avoir initial de 1000€ détenu le 1-01-2000, dont la date d'incidence actuarielle est cette même date du 1-01-2000. (J'appellerai ce premier flux le “flux épargnant”)
Pour le second, par la somme de 50000€ potentiellement restituable le 31-12-2009 à l'épargnant par l'organisme ayant recueilli l'épargne. (J'appellerai ce second flux le “flux organisme de placement”) - Remarquer qu'il s'agit cette fois d'un flux ponctuel (un seul versement) et non plus d'un flux discret quelconque comme précédemment.
Durant l‘intervalle de temps que dure l'opération, (du 1-01-2000 au 31-12-2009 soit 10 années), la loi d'actualisation est uniforme, telle qu'écrite supra, notée (3).
En actualisant les deux flux à la date de fin de l'opération soit le 31-12-2009, choisie comme valeur de la date t, on obtient :
- pour le second flux (“flux organisme de placement”), la valeur actualisée à cette date, notée VAtp :
VAtp = 50000€
pour le premier flux (“flux épargnant”), la valeur actualisée à cette date, notée Vate :
(4)
Cette expression est obtenue par la stricte application de la loi d'actualisation (2) mentionnée plus haut au cas particulier du “flux épargnant” de votre énoncé.
Le passage de (2) à (4) exploite la formule donnant la somme des 5 premier termes d'une suite en progression géométrique de raison et de premier terme connus. Si vous ne parvenez pas à reconstituer le passage de (2) à (4), signalez le moi ; je vous indiquerai alors le détail de la transformation, qui ne fait appel qu'à du calcul algébrique simple.
Le principe d'équivalence des flux réciproques, appliqué à la date t (31-12-2009) s'écrit :
VATp = VATe, soit :
d'où l'on tire :
= 8337,10€
(Sauf distraction ou erreur de calcul)
Cordialement
Vertigo