Soient un ensemble et un espace vectoriel réel. Une structure d'espace affine sur de direction est une opération du groupe additif de sur l'ensemble qui vérifie un axiome supplémentaire. Les éléments de sont appelés les points et sont notés par des majuscules. Les éléments de sont des vecteurs et sont notés par des lettres surmontées de flèches. Par exemple, l'élément neutre de l'addition de est noté . L'opération est notée . Ceci signifie que pour tout , on a défini un élément . Cette opération vérifie d'abord les axiomes usuels
(i)
(ii)
et on impose en plus
(iii)
L'unique vecteur tel que est noté .
Soit . L'application définie par est appelée la translation de vecteur . Les translations sont bijectives et vérifient pour et vecteurs de ,
Si est de dimension finie , on dit que l'espace affine est de dimension et on ecrit .
Un espace vectoriel est muni naturellement d'une structure affine de direction en le faisant opérer sur lui-même par sa propre addition. Ainsi, sur il existe une structure standard d'espace affine de direction mais il faut être conscient du fait qu'un élément de est parfois regardé comme un point et parfois comme un vecteur.
Règles de calcul :
Dans un espace affine de direction , on a
(relation de Chasles)
(règle du parallélogramme)
Soit , un espace affine de dimension et de direction .
Si est une base de et si est un point de , pour tout point , il existe une et une seule famille telle que
On dit que est un repère cartésien de et que sont les coordonnées cartésiennes de dans le repère .
On dit que des points forment un repère affine de si et seulement si est un repère cartésien de . Si c'est le cas, tout point s'écrit de manière unique
Si est un repère affine de et si est une permutation de , alors est encore un repère affine de .
Un point pondéré de est un couple . Soient des points pondérés tels que
. Alors il existe un et un seul point tel que
.
Le point est le barycentre de la famille . On le note
et on a pour tout
Il est clair que si on remplace par où , on ne change pas le point . On peut donc éventuellement choisir de manière à ce que . Si , on dit que est l'isobarycentre des points .
Soit un repère affine. Pour chaque point , il
existe une famille unique telle que et que soit le barycentre de la famille de points pondérés . On a donc
Les réels sont les coordonnées barycentriques du point
dans le repère affine .
Associativité des barycentres :
On donne pour des familles de points pondérés telles que ; pour chaque on pose
Alors, si , le barycentre de la famille est égal au barycentre de la famille
II. Sous-espaces affines
Soient un espace affine de dimension et de direction et une partie de . Pour chaque on pose .
S'il existe tel que soit un sous-espace vectoriel de , on montre que pour tout on a et que l'opération de sur induite par l'opération de sur munit d'une structure d'espace affine de direction .
Soient une partie non vide de et un sous-espace vectoriel de . On dit que est un sous-espace affine de de direction si et seulement s'il existe tel que (et alors pour tout . On a alors et pour tout point on a
Un sous-espace affine de dimension 0 est un point. Un sous-espace affine de dimension 1 est une droite affine. Un sous-espace affine de dimension 2 est un plan affine. On convient que l'ensemble vide est un sous-espace affine dont on ne définit ni la direction ni la dimension.
Proposition :
Une partie non vide de est un sous-espace affine si et seulement si pour toute famille de points de et pour toute famille de réels telle que , on a .
Si est une famille de sous-espaces affines non vides de directions respectives , alors est un sous-espace affine ; si est non vide, sa direction est .
Chaque partie de est donc contenue dans un plus petit sous-espace affine qui est le sous-espace affine engendré par et que l'on note . Il est clair que est l'ensemble de tous les barycentres de familles de points de .
Soient deux points distincts d'un espace affine . Alors
et est l'unique droite affine qui contient et . Il nous arrivera de noter cette droite simplement AB. Sa direction est . On définit le segment [AB] par
L'isobarycentre G de A et B, est appelé le milieu du segment [AB].
Soient A, B, C trois points distincts d'une droite affine de direction et soit un vecteur non nul de . Alors il existe des réels et tels que et . On note les "longueurs algébriques" des segments [AB] et [AC]. Bien entendu, cette notation est abusive, puisqu'elle dépend du choix de . En revanche, le nombre réel
ne dépend pas du choix de et peut donc être utilisé sans préciser .
Soit est un espace affine de dimension supérieure à 2. On appelle triangle la donnée de 3 points distincts non alignés (c'est-à-dire tels que ). Les points sont les sommets du triangle et les segments sont les côtés du triangle. Alors
et est l'unique plan affine contenant le triangle . L'isobarycentre des sommets d'un triangle est son centre de gravité.
Définition :
Deux sous-espaces affines et sont parallèles si et seulement s'ils ont la même direction . On note .
Remarquons tout de suite que deux sous-espaces affines parallèles ont la même dimension. (En particulier, une droite
et un plan ne sont jamais parallèles.)
Voici quelques propriétés générales:
Deux sous-espaces affines parallèles sont égaux ou disjoints.
Soient et deux sous-espaces affines. Alors
Soient un sous-espace affine et un point. Alors il existe un et un seul sous-espace affine tel que et ; si , on a .
Dans l'intersection de deux droites affines non parallèles est un singleton.
III. Applications affines
Soient et des espaces affines de directions et et soit une application. Pour chaque , on définit par . On démontre que s'il existe tel que soit une application linéaire, on a pour tout .
Soient une application et une
application linéaire. On dit que est une application affine dirigée par si et seulement s'il existe tel que (et alors pour tout ).
Si est affine dirigée par , on a pour tout et tout
ou encore
et ceci équivaut à
On note l'espace vectoriel des applications linéaires de dans et l'ensemble des applications affines de dans . De plus, on pose
Proposition :
Une application est affine si et seulement si pour toute famille de points pondérés de telle que , on a
Propriétés d'une application affine : Soit une application affine.
Si est un sous-espace affine non vide de de direction , alors est un sous-espace affine de de direction . Si est un sous-espace de qui est parallèle à , alors .
Si et sont des points de , on a .
Si sont des points distincts alignés de , les points sont alignés dans ; de plus, si les points et sont distincts, on a
(on dit qu'une application affine conserve le rapport des longueurs algébriques).
Si est un sous-espace affine non vide de de direction , alors est un sous-espace affine de qui, s'il est non vide, a pour direction . En particulier, si est un point de , alors est ou bien le sous-espace vide, ou bien un sous-espace affine de direction .
Soient et des sous-espaces affines non vides de ; on a
Règles de calcul :
Soient des espaces affines de directions repectives et soient et . On a alors
(i)
(ii) est injective (resp. surjective) si et seulement si est injective (resp. surjective)
(iii) est bijective si et seulement si est bijective ; si c'est le cas, est affine et .
Il en résulte que est un groupe ; on l'appelle le groupe affine de .
Exemples : Si , et , l'application définie par est la seule application affine telle que et . Si est un repère affine de et si est une famille de points de , il existe une et une seule application affine telle que pour .
Pour chaque la translation est une application affine bijective telle que . De plus, si est telle que , alors est une translation.
Soient et . L'homothétie de centre et de rapport est l'application définie par
Il s'agit d'une application affine bijective et on a .
Soient un sous-espace affine de de direction et soit un supplémentaire de dans . Comme , tout élément s'écrit de manière unique avec . La projection linéaire de sur parallèlement à est l'application définie par . Soit . L'application définie par
est une application affine qui ne dépend pas du choix de et qui est appelée la projection affine sur parallèlement à . On a .
Soit maintenant la symétrie vectorielle par rapport à parallèlement à , définie par . Soit . L'application définie par
est une application affine qui ne dépend pas du choix de et qui est appelée la symétrie affine par rapport à parallèlement à . On a , donc .
Une application (où est l'espace affine standard)
est affine si et seulement si elle est de la forme avec .
Dans , soit une droite affine de direction , soit
un supplémentaire de et soient la projection sur parallèlement à et la symétrie par rapport à parallèlement à . Pour chaque , soit la droite de direction qui passe par ; on a alors et .
Dans le dessin ci-dessous, est un vecteur non nul de .
IV. Un peu de géométrie
Théorème :
Soient un triangle, le milieu de , le milieu de , celui de et soit le centre de gravité du triangle.
Les droites , et sont les médianes du triangle. Ces droites passent toutes trois par le point et l'on a
Théorème de Thalès :
Dans , soient trois droites parallèles distinctes et soient deux droites non parallèles aux premières. Pour soient , et . Alors on a
De plus, si est un point de tel que
alors et .
Si dans ce théorème on prend , on trouve le corollaire suivant:
Soient un triangle, et tels que
et ne coïncident avec aucun des sommets. On a alors
Théorème de Desargues :
Soient et des triangles sans sommet commun. On suppose que , et .
Alors les trois droites , et sont ou bien parallèles, ou bien concourantes.
V. Quelques propriétés du groupe affine
Soient un espace affine de direction et soit son groupe affine.
Si , le groupe affine est isomorphe au groupe multiplicatif de matrices suivant :
Dans la suite, on suppose que .
L'ensemble des translations est un sous-groupe distingué de . L'application est un isomorphisme de sur .
L'application définie par est un morphisme surjectif de groupes, dont le noyau est . On a donc
Pour chaque , l'ensemble des homothéties de centre est un sous-groupe non distingué de , isomorphe au groupe multiplicatif . Si et sont des points, les sous-groupes et sont conjugués dans . Précisément, si on note , on a
L'ensemble de toutes les homothéties n'est pas stable pour la composition, mais est un sous-groupe de qui est appelé le groupe des homothéties-translations et est noté . En fait on démontre qu'un élément de est dans si et seulement si pour toute droite affine de on a .
Si est une partie de , l'ensemble
est un sous-groupe de formé des bijections affines qui laissent fixe .
Par exemple, si est un repère affine de , le groupe
est isomorphe au groupe symétrique .
Si , si est un entier supérieur à 3 et si
alors le groupe est isomorphe au groupe diédral .
Publié par Camelia
le
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Merci à Camélia pour avoir contribué à l'élaboration de cette fiche
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